La lecture de 5cm per second m’a laissé une forte impression qui peut influencer ma critique. Je vais donc d’abord vous raconter comment j’ai lu les deux volumes, avant de chercher à faire une critique plus globale.
Ma lecture
Le manga nous plonge rapidement dans l’ambiance avec une rencontre immédiate entre les protagonistes. Il nous montre bien qu’ils sont amoureux et, très vite, on apprend le déménagement d’Akari. Un obstacle qui semble certes important pour entretenir une relation, mais qui n’est pas insurmontable. Ils peuvent s’envoyer des lettres, et Takaki va la voir en train. Ils n’arrivent pas à s’avouer leurs sentiments, mais on a la confirmation qu’ils s’aiment tous les deux très fort.
Il est, par contre, étonnant qu’il n’y ait aucune mention de leurs familles, qui occupent logiquement une place importante dans leur vie à cet âge, sont la cause de leur séparation et pourraient être la solution à leur problème.
Dans le sud
Il y a un timelapse assez massif, et on suit désormais Kanae. On apprend qu’elle est amoureuse de Takaki pendant tout le lycée sans jamais le lui dire. C’est triste, mais en tant que lecteur, on sait qu’elle ne pourra pas finir avec lui puisque nous connaissons son passé et devinons les sentiments de Takaki.
À mesure qu’elle se rapproche de lui, on en apprend plus sur la façon dont Takaki a évolué, ce qui est le point d’intérêt central à ce moment-là. On apprend qu’il ne parle plus à Akari et qu’ils ne se sont jamais revus. C’est très étonnant, car s’il a pu faire le trajet depuis Tōkyō plus jeune, il est surprenant qu’il ne soit pas revenu la voir, même si le trajet a plus ou moins doublé.
Pour autant, le fait qu’il l’aime encore laisse penser que la relation sera encore importante, au moins jusqu’à ce qu’ils se retrouvent une nouvelle fois. C’est ici que le tome 1 se termine.
Le tome 2 commence avec Kanae qui finit par faire sa déclaration à Takaki, qui la repousse. Ce n’est pas une surprise.
Retour à Tōkyō
Il y a ensuite un énorme timelapse, très étrange. Bien qu’il ait fait la fac, trouvé un travail et été en couple pendant au moins trois ans, il ne semble pas avoir évolué. En effet, il a abandonné tous ses rêves d’espace mais reste toujours aussi perdu.
Il y a la première mention de la famille, qui n’a aucune importance. Il finit par rompre, sans pour autant réussir à se défaire du passé. On apprend qu’Akari va se marier, sans qu’on soit sûr de savoir si elle a réellement réussi à accepter le passé, comme elle le prétend.
Takaki commence alors à évoluer. Il y a un miracle : ils se croisent.
Et rien.
On retrouve Kanae, qui repousse un prétendant, et on nous tease une potentielle nouvelle rencontre entre elle et Takaki.
Fin de l’œuvre
J’ai personnellement terminé ma lecture en pleurant. Sur les vies gâchées, et sur l’espoir d’une fin qui ne mène finalement à rien.
Plus tard, j’ai finalement compris que la violence émotionnelle que j’ai ressentie venait du fait que les tropes — et surtout les visions du monde — sont différentes entre la France et le Japon, et que je les ai abordées en tant que Français.
La critique
Le manga se lit de manière très fluide, les images s’enchaînent et racontent l’histoire sans toujours s’appuyer sur les dialogues, ce qui retranscrit très bien un effet “cinématographique”.
Du point de vue de l’histoire, il y a plusieurs interprétations possibles. Comme dit plus haut, j’ai abordé le récit d’un point de vue que je suppose français, ou tout du moins occidental. De ce point de vue, les deux protagonistes (Takaki et Akari) ont cherché à surmonter la distance malgré le fait que leurs familles ne les aident visiblement pas.
(En France, les deux familles se connaîtraient très probablement, au moins un peu, et auraient pu choisir un lieu de vacances commun en voyant que leurs enfants ont “fugué” pour se voir, par exemple.)
Ensuite, les protagonistes ont tenté de continuer leur vie sans oser se recontacter. Kanae a une histoire triste, parallèle, qui sert à changer de point de vue sur Takaki. Mais tous cèdent à la pression de la société, en essayant plus ou moins de résister. Finalement, un miracle arrive… mais rien ne se passe.
Ce point de vue rend l’histoire extrêmement violente émotionnellement, car, finalement, tout le monde perd malgré les sursauts d’espoir.
Une autre vision
En relisant le manga, j’ai trouvé une autre interprétation, qui me semble plus proche de la volonté de l’auteur. De ce point de vue, les personnages vivent des événements marquants qui les font plus ou moins évoluer. Il n’est pas question d’obstacles à franchir, mais de ce qui arrive, et de comment on le vit.
Ainsi, les histoires de chaque personnage se croisent de manière beaucoup plus équitable, chacun vivant sa vie et évoluant en fonction de ses choix et des événements. De ce fait, après sa séparation avec Akari, Takaki n’évolue que lorsqu’il se met en couple, et lorsqu’il rompt, puisque le reste n’est que le cours de la vie.
Aussi, le miracle n’a plus de sens, puisqu’il continue malgré le fait qu’il n’ait pas totalement accepté le passé. C’est simplement ainsi que va la vie.
Cette vision de l’œuvre explique ce qui paraissait étrange dans une autre lecture, ce qui m’amène à penser qu’elle est plus proche de l’intention de l’auteur.
Pour autant, n’adhérant pas totalement à ce paradigme, je ne l’ai peut-être pas décrit au mieux. J’espère que ma pensée était quand même claire.
Un livre et plusieurs interprétations
Pour résumer cette critique, 5cm per seconde me fait dire que c’est un bon manga, fluide à lire sur les 2 tomes et dont l’histoire peut être interprétée de plusieurs manières et qui peut être très fort émotionnellement, malgré la douceur de la narration.